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L’ILLUSTRE MAURIN

— Tu vois, dit Maurin, que ta figure claque comme ton derrière.

— Tu m’en rendras raison, répliqua Caboufigue d’un air hautain… J’ai un fils !

Après avoir prononcé ce mot tranquillement, il devint furieux tout à coup et s’éloigna en ajoutant :

— Rejoignons ma voiture, monsieur Cabissol.

— Voyons, monsieur Caboufigue, dit Cabissol qui avait grand’peine à ne pas éclater de rire, voyons, monsieur Caboufigue, entre amis d’enfance, ça ne tire pas à conséquence : on se gourme et l’on s’embrasse.

Mais Caboufigue ne voulut rien entendre ; et suivi de Cabissol poli et curieux, il quitta le terrain de chasse qu’il venait de rendre à jamais illustre. C’est depuis ce temps en effet que court dans toute la Provence ce distique proverbial attribué à Maurin lui-même :

Sous les grands mots l’intrigue :
Le p… de Caboufigue.

Et c’est depuis ce temps qu’un carrefour des Maures, près de la Verrerie, porte ce nom rabelaisien écrit bien visiblement sur une planchette clouée au tronc d’un pin. Il fait là l’étonnement et la joie des touristes. Seulement les blaireaux ont à jamais déserté ces parages.

Quand Maurin conta l’aventure à M. Rinal, le vieux philosophe s’écria :

— Pardieu, Maurin, j’admire cette histoire par-dessus beaucoup d’autres. Et elle m’en rappelle une qui est fameuse, comme le deviendra celle de votre Caboufigue. C’est l’histoire du maréchal de Bassompierre en Espagne. Le maréchal avait été envoyé en ambassade