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L’ILLUSTRE MAURIN

« Il monta dans le pétrin. Pour godiller, il avait pris la pelle à four, et quand il cria « pousse ! » sa mère le poussa, pechère ! et, comme un âne, du troisième étage il tomba, crevant le brouillard, et s’écrasa contre terre !

« Et voilà l’histoire de Calas, que tu n’as pas voulu me conter. J’aurais eu cependant beaucoup de plaisir à l’entendre !

— C’est que, quand tu es gris, tu la contes mieux que moi, Pastouré. Ceux qui ont des livres, souventes fois, dit-on, les relisent lorsque ils s’ennuient et que les livres sont amusants, ou que, sans être amusants, ils leur paraissent bons. Tu as parlé comme un livre que moi j’ai relu en t’écoutant, mais, pour l’amour de Dieu, laisse le fiasque, qu’à la fin tu seras trop gris !

— Jamais, affirma Pastouré, je ne retrouverai occasion pareille de me griser un peu sans être vu de personne. Que j’aie bu, au fond d’un puits, autre chose que de l’eau, jamais personne ne le croira, mon homme !…

« C’est pas l’embarras, ajouta-t-il après un silence, chaque pays a ses usages ; à Calas, comme tu viens de le voir, les ânes habitent le troisième étage des maisons et quelquefois ils en tombent par la fenêtre ; et à Saint-Tropez les habitants aiment beaucoup se tenir un canari sur le derrière.

À cette dernière parole, Maurin fut très étonné, et il demeura silencieux un moment, puis, tout à coup, poussant un grand éclat de rire :

— Sur le derrière de leur maison, tu veux dire ?

— Pardine ! fit Pastouré, ça n’est pas sur le leur, bien sûr, quoique à la vérité on pourrait s’y méprendre, vu qu’on ne sait jamais ce que les filles de ce siècle pour-