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L’ILLUSTRE MAURIN

CHAPITRE L


Comment, sous les traits de Pastouré, la Vérité parla abondamment au fond d’un puits, et dit à Maurin des choses les plus réjouissantes ou les plus tristes du monde selon le caractère de qui les écoute, mais certainement fort bonnes à connaître.


Pastouré, parfaitement ivre, assis au fond du puits près de Maurin, se désolait :

— C’est moi qui te ferai prendre, Maurin, file ! Laisse-moi ici à mon malheureux sort. Je me tirerai d’affaire un jour, s’il plaît à Dieu. Je me suis oublié, Maurin. Laisse-moi seul dans l’eau, que je l’ai mérité !

— Tu as pris un remède contre la fatigue, mais tu en as trop pris, voilà tout, dit Maurin. Au lieu de te désoler, car tu sais bien que je ne t’abandonnerai pas plus qu’en pareil cas tu ne m’abandonnerais toi-même, donne-moi, pour passer le temps, un bon conseil qui, peut-être, me sauvera la vie, et alors nous serons quittes : un bien sera sorti d’un mal. On dit que la vérité est dans le vin. Bien mieux, alors, elle doit être dans l’esprit du vin. Me dois-je marier ?… Dois-je me marier avec Tonia ?

Pastouré ne broncha pas, parce qu’il était complètement ivre, et sans broncher, il répondit :

— La vérité, je te l’ai dit, n’est pas une femme, c’est un homme, et c’est un homme gris, assis au fond d’un