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Page:Aicard - L’Illustre Maurin, 1908.djvu/449

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L’ILLUSTRE MAURIN

puits. Tu auras doublement la vérité, vu le puits et vu l’esprit du vin… Te marier, Maurin ! jamais ne fais pareille sottise. Marié, je le fus, et pendant tout mon mariage, je cessai d’être libre et ne fus délivré que veuf, et c’est ennuyeux d’avoir à souhaiter tous les jours la mort de quelqu’un qu’on aime et qui vous tient de si près ! Ne te marie pas, Maurin ! Un autre te dirait ceci, un autre te dirait cela, un troisième à la fois ceci et cela. Et moi je te dis : non ! C’est clair comme l’eau du puits de vérité et comme l’esprit du vin. Ne te marie pas ! Autrefois, se marier était encore preutrêtre possible. Aujourd’hui, ça ne l’est plus.

— Et pourquoi ça ne l’est-il plus ? interrogea Maurin.

— Parce qu’aujourd’hui, expliqua Pastouré, aujourd’hui, sans parler de potager qu’elles cultivent sur leur tête, les filles ont des roues !

— Des roues ? dit Maurin ; tu es beaucoup empégué, collègue !

— Pas tant que tu le crois, Maurin. Regarde dans la rue et sur la grand’route, tu ne verras que femmes en culottes et femmes à roues. Elles ruinent leur père pour acheter des roues ! Même dans nos villages, Maurin, elles vont sur deux roues, les fillettes, afin d’aller plus vite et plus loin, là où on ne peut pas les suivre quand elles veulent n’être pas suivies, et elles portent des jupes fendues qui ne sont plus que des pantalons de turcos !… Merci bien ! Tu aurais peut-être pu consentir à épouser une fille, au temps où il y en avait encore, mais épouser un turco, non, merci ! ce n’est pas là ton affaire. Autrefois, je ne dis pas, Maurin, au temps de mon grand-père, à l’époque où les femmes, dans nos