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Page:Aicard - L’Illustre Maurin, 1908.djvu/458

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L’ILLUSTRE MAURIN

« Tout à coup, le fil résista. Elle tira encore ; le fil se tendit, intriguée, elle le suivit de l’œil. Le fil passait là-bas, sous la porte fermée.

« — Mon homme aura poussé le cabedèou (le peloton) du pied, le maladroit, en s’en allant… Ah ! les hommes ! ça ne fait attention à rien ! que ferait-il, celui-là, s’il ne m’avait pas ! mais il m’a ! et — j’en reçois tous les jours la preuve — il ne connaît pas son bonheur, pauvre de moi ! »

« Elle se leva, prit la lampe, ouvrit la porte et, avec grande surprise, elle vit que le fil montait, par l’escalier, montait, montait, tendu tout le long des marches, contre le mur de la rampe.

« — Ah ! par exemple ! que veut dire ceci ? Il y a là-dessous quelque manigance… Mon peloton n’est pas monté tout seul, peut-être ! »

« Elle ne pensait plus aux merlates, elle n’en parlait plus du moins, car la curiosité des femmes a une telle force que, pour apprendre un secret, les plus bavardes seraient capables de se taire un petit moment.

« Le fil la conduisit au haut de l’escalier… Là, elle vit qu’il entrait, en passant encore sous la porte, dans leur chambre à coucher.

« Elle y pénétra, sa lampe à la main. Elle suivit le fil du regard… Il grimpait sur le lit, où son mari ne dormait que d’un œil. L’œil qui ne dormait pas riait. Et le fil conduisit le regard de la femme jusqu’au lit. Le fil disparaissait sous la couverture. Elle la souleva et vit alors que le fil était attaché avec le peloton à un petit bâton, un joli petit martin-bâton, pas trop noueux mais bien solide, avec lequel Sanplan caressait d’ordinaire le dos de son âne, et qui pour l’heure faisait,