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L’ILLUSTRE MAURIN

deux jours de repos chez leurs amis de Bonnes, ce qu’ils firent.

Le deuxième jour, Maurin chargea un petit berger d’aller dire à Tonia, hors de la présence de son père, qu’elle pourrait lui parler, le lendemain, à telle heure, à tel endroit ; et c’était au Chêne du Solitaire, non loin de la maison d’Orsini.

Grondard rencontra le petit berger :

— Où vas-tu si vite ?

Le petit pâtre connaissait Grondard et il eut peur. Il s’arrêta tout pâle, et, d’un trait, expliqua ce qu’il allait faire, puis ajouta vivement :

— Laissez-moi aller, que je suis pressé.

Et il s’esquiva. Grondard s’éloigna de son côté, l’air tout drôle. Il réfléchissait et remuait les lèvres, se parlant à lui-même…

Maurin ne devait voir Tonia au Chêne que dans l’après-midi.

Il partit le matin, en chasseur, suivi de son chien qu’il avait repris à Cigalous. Il se proposait de déjeuner sur le lieu du rendez-vous en attendant sa belle Corsoise.

Pastouré, pendant ce temps, ramènerait les chevaux à la Garde-Freïnet, par des chemins détournés.

Quand il arriva à l’endroit de son rendez-vous, Maurin fut un peu étonné d’y trouver, assise sur une grosse racine, la petite bergère Fanfarnette qui gardait son troupeau de chèvres mauresques éparses autour d’elle.

Comme ses chèvres, elle était de petite race, Fanfarnette, gracieuse au repos, vive en ses mouvements et toute blanche sous son grand chapeau, avec un regard fauve qui ne ressemblait pas au regard « d’une gent » parce qu’on n’y voyait jamais d’amitié.