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L’ILLUSTRE MAURIN

et calculatrice. Le monstre qui était en elle apparaissait peu à peu sur toute sa face…

Point d’amour, point d’amitié, point de sensualité même, rien que le calcul, l’intrigue, — ignorée des chèvres.

Alors, quelque chose d’horrible traversa pour la seconde fois le cœur de l’homme, une peur qu’il ne connaissait pas, car il voyait ce que de sa vie il n’avait vu, ce qu’il n’avait jamais soupçonné possible, ce brave Maurin !…

La menace hideuse, elle la réaliserait ! Et comment, en effet, se défendrait-il ? Pourquoi le croirait-on, lui, quand il accuserait cette petite… si petite ? Peut-être que M. Rinal lui-même le jugerait coupable ! Et M. Cabissol ! et Parlo-Soulet ! Et Cigalous ! tous ses amis !…

« Est-il Dieu possible ! il faut que Grondard ait passé par là ! »

— Eh bien ? interrogea Fanfarnette d’un air d’ironie triomphante, avec un sourire de vieille fée qui tordait ses lèvres roses…

Il se sentait perdu ! Ni l’incendie, ni le chien enragé, ni rien ne l’avait fait trembler, jamais. Et maintenant oui, devant ce mauvais rêve, voilà qu’il tremblait !

Tous ses délits, il en tirait gloire. Il savait très bien qu’un désir de justice l’avait toujours conduit, qu’on le jugeait comme honnête malgré tout, et que finalement il marchait, dans ses bois solitaires, entouré de l’estime de son peuple !

Et voilà que, poussé par le mensonge d’une enfant, il allait tomber dans une réputation d’infamie… comme un Grondard !… Et on la croirait, cette rusée, parce que, avec les femmes, il avait été un homme léger… Cela