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L’ILLUSTRE MAURIN

CHAPITRE LIX


Le testament de Maurin des Maures.


La roulotte vint, de nuit, chercher Maurin. Il y fut installé dans un véritable lit, et les gendarmes qui la rencontrèrent ne songèrent pas un instant que Maurin des Maures était enfermé et couché dans cette maison roulante, attelée d’un cheval étique. Elle était conduite par un vieux boumian aux cheveux crépus qui, le long du chemin, chantait des chansons sauvages en une langue inconnue :

 
La plaie est rouge au cœur,
L’églantine au buisson…
Prends l’églantine en fleur,
Et prends mon cœur sanglant
Tirlow Tirlow !

L’amour est un enfant,
Il m’a pris par la jambe,
Il m’a tiré à bas
Et de cheval je suis tombé,
Tirlow !
Et mon front s’est ouvert !
Adieu, ma fiancée !

On suivait la route de la Molle, au fond de la vallée. Pastouré, dont la présence aux côtés du bohémien eût été révélatrice, chevauchait en avant, le précédant d’un quart de lieue, revenant de temps à autre sur ses