désirait avoir pour nourrir sa famille. Et quelquefois, quand deux hommes se rencontraient ainsi, ils se battaient l’un contre l’autre pour se disputer la proie.
« Un jour, cependant, contre un animal sauvage, plus fort que lui, un homme demanda le secours d’un autre homme. Et s’étant aidés, ils furent à eux deux plus forts que la bête.
« Et alors ils pensèrent qu’au lieu de se battre entre hommes pour avoir chacun sa proie tout entière, ils trouveraient un bien plus grand avantage à se la partager et à rester unis pour être toujours les plus forts contre toutes les bêtes.
« Et ce fut là la première société.
« Puis ces deux hommes s’allièrent à un troisième, à un quatrième et ainsi de suite, jusqu’à fonder des villages, puis des villes.
« Et tous ceux qui avaient formé alliance se devaient l’un à l’autre secours mutuel, et se payaient l’un l’autre en divisant le produit de leur travail.
« Ce traité continue. Chaque homme doit son travail à tous les hommes et tous les hommes doivent travailler à la sûreté et au bien-être de chacun. C’est ainsi qu’on a des droits et des devoirs.
« Ce traité lie tout le monde, car chacun comprend que s’il se refusait à travailler pour tout le monde, la justice voudrait que celui-là fût remis, seul et nu, dans l’état sauvage où était le premier homme ; et pas un n’y consentirait.
« Car le plus misérable est encore bien heureux qu’il y ait des maisons toutes construites, et du blé semé, et de la farine, et du pain, et des feux allumés, et de la lumière.