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L’ILLUSTRE MAURIN

« Et si quelqu’un meurt de faim sans qu’il y ait de sa faute, tout le monde est coupable, car chaque individu a le droit de vivre et il faut changer les lois qui permettent qu’un homme meure de faim faute de travail.

« Et les lois seront changées si le peuple, instruit à l’école, connaît son intérêt et apprend à bien choisir ceux qu’il envoie faire les lois.

« Tant que les lois ne sont pas changées, il faut leur obéir parce qu’elles représentent la volonté intelligente du peuple lui-même, opposée à ses instincts et à ses passions de sauvage.

« Mais si un individu refuse à la société sa part de travail, il est indigne et plus traître que les ennemis de la cité, car la société a le droit d’avoir confiance en ceux qui sont liés par le traité des droits et des devoirs.

« La patrie est une grande association, qui comprend beaucoup de cités, de villages, de provinces.

« L’humanité a des devoirs et des droits qui sont communs à toutes les patries et qui sont plus beaux et plus grands.

« Il faut être le plus fort pour défendre le droit du plus faible.

« Il faut chercher, avant tout, dans toutes les patries, la justice, qui est la meilleure garantie de l’intérêt, et avoir dans son cœur l’amour des hommes qui est plus grand que la justice elle-même, parce qu’il la contient.

L’enfant se tut et aperçut enfin son père, mais il demeura sagement assis devant son livre.

— Il apprend ça, dit M. Rinal, dans un petit cahier que j’ai arrangé pour lui ; il y apprend aussi que la vraie justice est un idéal, une idée réalisable, mais dont la