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L’ILLUSTRE MAURIN

roues qu’on ait faites dans le monde. J’ai vu les premières roues ! Je suis très vieux, j’ai nonante-neuf ans !

La Galette et Pognon s’esclaffaient.

Maurin restait grave, Pastouré aussi, et aussi Mignotin et l’estropié.

— Pourquoi riez-vous ? dit Maurin. S’il n’a pas vu les premières roues, d’autres dans les temps les ont vues et c’est à ceux-là qu’il faut penser. Les premières roues ont soulagé l’homme d’un gros travail.

— Et qu’avez-vous vu encore, grand-père, en tant d’années que vous avez vécu ?

— J’ai vu tomber beaucoup de verminiers, beaucoup, chaque fois qu’il s’en mettait un dans la corne rompue d’une vache.

— Raconte-nous comment tombent les verminiers, père Trestournel.

— Quand une vache se casse une de ses cornes, dit le vieux, aussitôt dans le trou qu’elle laisse au front de la bête, la vermine se met. Alors, va dans la montagne et cherche un agulancier (églantier). Devant l’agulancier fais un grand salut et en même temps, du bout de ton pied, à terre, fais une croix, en disant :

Agulancier,
Agulancier,
Fais-moi tomber
Mon verminier.

« Puis fais le tour de l’agulancier, et trois fois encore fais un salut, et, du pied, une croix, sans y manquer jamais. Après la quatrième croix, que tu refais sur la première, salue encore. Et dis alors sans rien oublier :