Page:Aicard - L’Illustre Maurin, 1908.djvu/525

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
507
L’ILLUSTRE MAURIN

Puis tout bas dans cette ombre, écouté des autres qui s’étonnaient, — car à l’ordinaire, il ne disait rien, — le vieux se remit à parler :

— Je les dirai, les choses, parce que ce soir, — ici il baissa la voix, — la mort est entrée. Elle est là, parmi vous. Vous ne la voyez pas, je la vois. Elle est belle comme une jeunesse.

— À boire, Pastouré, donne-moi à boire ! murmura Maurin exténué.

Et Galette, Pognon, Mignolin et Laragne, tous ces malheureux, évadés de bagne, voleurs et assassins, se levèrent d’un seul mouvement et, empressés autour de Maurin, aussi aimants tout à coup, aussi fraternels que Pastouré, ils présentèrent au blessé le verre, l’eau-de-vie, l’eau fraîche, chacun essayant de se rendre utile. Et comme ils étaient plus nombreux qu’il ne fallait, ceux qui n’offraient rien offraient, dans une parole, la consolation, le viatique, disant à qui mieux mieux :

— Comment vous sentez-vous, maître Maurin ?… Est-ce que de nous entendre cela vous fatigue ? Voulez-vous qu’on aille chercher du vin ?… Voulez-vous dormir ?

— Non, murmura Maurin, j’ai joie à entendre le vieux, mais ne riez pas de lui…

— Nous ne rirons plus, maître Maurin, dit Galette. Si tout le monde parlait comme vous, comme un homme à des hommes, les choses iraient mieux… Vous êtes un bon bougre ! Vous n’êtes pas de ceux qui, n’ayant point d’amour, — comme on dit ici, — ne donnent aux autres que de la colère et de la haine !

Il y eut un long silence. Maurin, ayant bu, reprit :