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L’ILLUSTRE MAURIN

pauvre femme est morte toute jeune ; mais toute jeune, pechère, elle est morte, ma pauvre femme ! »

Et ce qui complétait le haut comique de sa conversation, c’est qu’il riait « en canard ». On rit en a, en e, en i, en o, ou en u. Lui, il riait en coin ! coin ! Et ce drôle de rire en coin ! coin ! coin ! suivait chacune de ses répliques ; on eût dit qu’il trouvait lui-même d’un comique irrésistible son goût pour les inversions et les répétitions ; si bien qu’en sa présence tout le monde se mettait quelquefois à rire par sympathie, sans autre motif, et à imiter involontairement ses coin ! coin ! coin ! En sorte qu’une compagnie où il se trouvait pouvait assez vite se prendre pour une troupe de canards.

— Tout le monde est arrivé, monsieur le maire vint annoncer un garde à M. Cigalous.

— Alors, messieurs, allons,

— Où cela, mon cher Cigalous ?

Cigalous, avec un petit air mystérieux :

— Dans la grande salle de la maison commune. D’autres invités nous y attendent.

On s’y rendit aussitôt.

On y trouva un groupe que semblait présider M. Rinal.

Le maire fit les présentations :

— MM. Tombemousque, Escartefigue, Terrassebœuf, Arrachequesne…

On eût dit qu’il désignait des athlètes par leurs sobriquets ; il le sentait et il en souriait d’aise. Il est certain qu’à l’origine de ces noms formidables il y eut une galégeade. Et avec ces vocables magnifiques c’est la gaîté même de nos pères qui se transmet à nous, à travers des siècles de mort !