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L’ILLUSTRE MAURIN

pauvre ne grelotterait plus dans la commune ! Il termina ainsi sa petite harangue : « Ce seul résultat est assez éloquent en faveur de notre brave Maurin. Vive Maurin des Maures ! »

Quand les invités du maire quittèrent la mairie, toute la ville était sur la place à les y attendre. On les suivit avec des acclamations, et — au moment précis où le cortège arriva sous l’arc de verdure élevé en l’honneur de Maurin, — les « boîtes » éclatèrent par trois fois, c’est-à-dire que trois salves d’artillerie se succédèrent. Les mains battirent… et les cloches de l’église sonnèrent à toute volée, sur l’ordre de M. le curé, — oui, de M. le curé ! — pendant que les belles filles lançaient à Maurin égayé… et un peu ému… des branches de mimosas en fleurs…

— Vive ! vive le roi des Maures !

— C’est invraisemblable ! Quelles mœurs étranges ! murmura M. Labarterie à sa femme.

Cigalous l’entendit.

— Monsieur, dit-il avec vivacité, ne jugez pas si haut mes compatriotes, ils pourraient vous entendre, et ils ne seraient pas contents. Vous êtes un homme du Nord, n’est-ce pas ?

— Oh ! non, dit Labarterie, je suis né à Lyon.

— C’est bien ce que je disais : vous êtes du Nord. Le vrai Midi commence ou finit à Valence. Eh bien ! laissez-moi vous dire que vous et vos Parisiens, vous n’entendez rien à notre tempérament et c’est, ma foi, dommage. La capitale devrait étudier à fond l’esprit de chacune de ses provinces si elle veut les résumer toutes en elle ; — au lieu de se croire une ville-reine, une ville souveraine de droit divin, exceptionnelle,