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L’ILLUSTRE MAURIN

C’est ça, Maurin, la belle race ; c’est ceux-là qui devraient être pour notre peuple les modèles, tu dois le comprendre.

— Je sais bien, dit Maurin, qu’il y en a de ceux-là, mais je n’ai pas eu beaucoup occasion, jusqu’ici, d’en voir… Et, ajouta-t-il galamment, je les reverrai, s’ils veulent, avec plaisir.

« Pour cela, monsieur le maire, vous leur demanderez quelque jour s’il leur plaît de faire avec moi une partie de chasse ; je leur ferai tuer lapin ou lièvre, et j’aurai le bonheur, j’espère, de les entendre un peu parler.

— Oh ! oui, s’écria étourdiment Mme  Labarterie, arrangeons une partie de chasse !

— La chasse est fermée, dit le maire.

— Elle rouvrira, répliqua Labarterie, qui voulait, en toute occasion, complaire à sa femme.

— Prenons jour, insista Maurin, pour l’ouverture, si vous voulez… tous ceux qui sont ici.

— C’est conclu, déclara Cigalous…

On trinqua à la ronde ; il reprit :

— Et enfin, pour en revenir à la politique, voici ce qu’il faut que tous sachent ici, et toi Maurin en particulier : M. Noblet, en se retirant de la lutte, offre de faire pour notre candidat préféré, Vérignon, qui n’est pas riche, la moitié des frais d’élection !

— Monsieur Noblet, dit Maurin noblement et tout debout, un bourgeois console d’un autre. Et j’en ai vu d’autres, quand ça ne serait… mais motus ! Paix aux cadavres !… J’ai vu aussi un noble, l’autre jour, qui m’a fait plaisir à voir et à entendre, et c’est M. le comte de Siblas. Il sait qu’il sera battu, mais sa can-