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L’ILLUSTRE MAURIN

didature devant servir celle de Vérignon (parce qu’elle prendra les voix réactionnaires que Poisse, sans cela, aurait pour lui), M. de Siblas reste candidat : « Si mes amis politiques n’arrivent pas, je veux voir arriver du moins des hommes de caractère. » Voilà ce que m’a dit M. de Siblas, et comme il me l’a dit, je vous le mets dans la main.

— Eh bien, opina M. Rinal, buvons à M. de Siblas !

— Prends garde, dit en riant Cigalous à Maurin, on dira que tu pactises avec l’aristo.

— Ah ! ah ! s’écria Maurin ! je ne crains pas ça ; on me connaît… Et à présent, Halbran ! ajouta-t-il, fais-nous un bon café, un café à réveiller un mort.

— Apporte tes plus vieilles liqueurs… À demain la politique, dit Cigalous, et toi, conte-nous, Maurin, une de tes galégeades.

— Eh bien… dit Maurin… en voici une bonne…

Mais il s’arrêta…

— C’est que… dit-il, il y a des dames.

— Ma femme, dit Labarterie, est mariée.

— Comme de juste ! interrompit Maurin.

— Et, poursuivit M. Labarterie, elle est chasseur elle-même. Au dessert une histoire drôle n’est pas pour lui faire peur.

— Offrez-moi donc une cigarette, dit Mme Labarterie, et allumez vos pipes, messieurs. Les femmes de candidats doivent être intrépides.

— Sans pipe, Cigalous mourrait, affirma judicieusement Maurin. Mais moi, les jours de fête, une cigarette me plaît. Quand j’ai la cigarette ou la cassie au bec… je me semble une jeune fille !

Il s’abstenait de la pipe, pensant mieux plaire à la