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L’ILLUSTRE MAURIN

quatre heures, ze revire, ze tourne, puis à la fin ze me dis : « Tu sais l’hôtel : retournes-y. » Je sors, messiès, ma belle dame, — eh bé ! croyez-vous que ze m’aperçois que z’avais tourné sur place, depuis quatre heures, povre moi ! Z’avais tourné aux alentours d’une porte, celle par où z’étais entré et par où ze sortis, couyoun coumo la luno, parlant par respect. Alors, ze me dis : « Marlusse, ça ne t’arrivera plus. Pour plus te perdre, il faut aceter… »

Ici, Marlusse s’interrompit encore brusquement. Il regarda d’un air d’inexprimable malice ses quatre compagnons de voyage qui recommençaient à rire tout haut, et déclara :

— Nous y sommes ! les voilà qui se mettent à se ficher de moi ! Ze vous l’avais pas dit, madame ? La comédie n’est pas dans mon histoire, mais dans leur malice. Ils me la font dire, l’histoire, pour en arriver là ! Et ce n’est pas à m’écouter que vous prendrez du plaisir, c’est à les voir, euss !

À ces mots, Soufflarès et Novarre, n’y tenant plus, levèrent un bras au ciel et laissèrent retomber leur poing sur leur cuisse en criant :

— De ce Marlusse !

— D’aquèou Marlusso ! traduisit vivement Mascurel.

— Il est bon ce Marlusse ! ce Marlusse il est bon !

Et le rire du canard Lacroustade dominait tous les autres.

M. le maire souriait finement, en jouissant de voir les Parisiens ne rien comprendre. Il fit observer seulement :

— Vous voyez bien : il n’y a que les mocos pour savoir rire d’eux-mêmes.