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Page:Aicard - Le Dieu dans l’homme, 1885, éd2.djvu/17

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INVOCATION À VICTOR HUGO.


Pour accroître en beautés, Travailleur matinal,
Le monde du réel avec ton idéal ;
Pour faire que devant le mal, le laid, le triste,
Ton rêve formulé, créé, vivant, — existe,
Non moins vivant, non moins réel que le réel !
Pour mettre, par-dessus tous nos dégoûts, — le ciel ;
Pour montrer, sous la nue horrible, — qui la voile
Par moments, — l’Espérance ineffable, et l’Étoile
Du Berger, que j’ai vue et que je vois encor
Prise aux fils de ton luth, près de la corde d’or !
Pour te donner vivant, pour te léguer toi-même
Chaque jour davantage au monde entier qui t’aime,
À l’univers qui pense, à l’univers qui sent ;
Pour verser ton génie, enfin, comme du sang ;
Pour que ton œuvre humaine embellit la nature.
Et que l’Humanité, faisant sa nourriture
Du cœur d’un seul, — ô fort Charmeur, ô doux Vainqueur,
Sentît que tous les cœurs sont grands par un seul cœur !

II


Tu n’as plus d’envieux que dans la sainte envie
D’imiter un instant un effort de ta vie,