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MAURIN DES MAURES

— Il y a longtemps que…, commença Sandri.

— Bah ! je vous ai vus ensemble le soir même de la battue. On ne se gêne pas pour dire que si vous poursuivez si souvent des malfaiteurs, supposés ou vrais, sur nos territoires, c’est surtout pour avoir l’occasion de rencontrer la Margaride. Il faut laisser ça de côté, Sandri. Soyez prudent ; ma fille est une terrible.

— C’est compris, dit le gendarme.

Essoufflée et toute rose, Tonia entrait.

— Tonia, dit le père brusquement, je te permets d’embrasser ton fiancé.

Alessandri était debout, ganté de blanc, reluisant. Avec son visage rosé, il semblait tout neuf.

Tonia eut une hésitation légère et marcha vers lui comme à contre-cœur.

— On dirait, fit le père, que ça ne te fait pas plaisir ?

Arrivée près d’Alessandri elle s’arrêta, offrant la joue sans la lui tendre. Le gendarme avança ses lèvres et embrassa la belle fille.

— Nous voici fiancés, dit-il.

— Et dès qu’il sera brigadier, on vous mariera, dit le père. Vous voici fiancés ; tu entends, Antonia ?

— J’entends, fit-elle ; nous sommes fiancés.

Alessandri se redressa, orgueilleusement, respirant d’aise.

— Et tu ne lui dis rien de plus ? reprit Orsini.

— Que dirais-je ?

— Tu n’es pas heureuse et fière ?

— Ni heureuse, ni fière, murmura-t-elle avec décision.

Orsini se leva.

— Cela mérite explication, gronda-t-il.