— Il fait chaud, frère Pancrace, il fait bien chaud aujourd’hui !…
— Il fait même trop chaud, frère Panuce !
— De sûr qu’il fait trop chaud, frère Pancrace, trop chaud, vous l’avez dit !
— L’homme, frère Panuce, doit gagner son pain à la sueur de son front… »
« Les deux bons moines devisaient ainsi en soupirant et, sous la semelle de leurs sandales, roulaient, dans le sentier creux et sonore, les cailloux ardents comme braise.
« Tout à coup, frère Panuce s’arrêta et, d’une voix frémissante de joie :
— Dieu nous a entendus, frère Pancrace, et, si j’en crois mes yeux, il nous envoie du secours !
— Vous moquez-vous de moi, Panuce ? Quel secours pourrait nous envoyer la Providence, sinon un bel et bon âne avec ses « ensari » ?… Or, en vérité, il n’y a pas ici d’autre âne que vous, si ce n’est moi. Et ce serait péché véritablement que me donner faussement l’espérance d’être soulagé de mon lourd fardeau ; il n’en deviendrait que plus lourd ! Pour l’amour de Dieu, Panuce, marchez encore un peu, afin que nous arrivions au gîte. Ne vous arrêtez pas ainsi, ou je vais jeter là mon sac, qui est plein à crever comme un ventre de chantre… Et si une fois je le pose, peut-être bien, frère Panuce, n’aurai-je plus jamais la force de le soulever.
« Et, ce disant, Pancrace, avec un ouf ! de soulagement, posa son sac au beau mitan du chemin.
« Alors, Panuce, qui marchait devant, lui dit, en se rangeant à côté de lui :
— Vous avez douté de moi, Pancrace, parce que la