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MAURIN DES MAURES

n’en fallait pas plus à Grondard et à un gendarme pour être convaincus de la culpabilité du roi des Maures. Pour sûr, c’était Maurin qui avait tué Grondard le père ! Ils se répétèrent cela tous les jours à soi-même, chacun de son côté. Maurin était coupable. Ils désiraient qu’il le fût, ils le voulaient, — tout à fait comme de vrais juges.

Alessandri combina donc avec Grondard toute une comédie destinée à obtenir les aveux du roi des Maures.

Depuis deux jours Maurin venait avec Pastouré attendre un lièvre au croisement de deux sentiers, au Pas de la lièvre, sans parvenir à le tuer.

— Nous l’aurons demain ici même, dit Maurin le second jour.

Célestin avait entendu ce mot et pris ses mesures.

Le lendemain Maurin était seul, dans la forêt, loin de toute habitation, au Pas de la lièvre, et Pastouré posté ailleurs, assez loin de lui, avec Gaspard, son chien d’arrêt, qui rapportait admirablement.

Maurin avait lâché ses chiens courants qui donnaient de la voix éperdûment à travers le maquis. Hercule, son griffon d’arrêt, dormait à ses pieds.

Maurin attendait la lièvre-sorcière qui ne venait toujours pas.

Ce fut Grondard qui tout à coup parut devant lui avec son vilain masque de barbouillé.

Célestin tenait dans sa main noire un vieux fusil à un coup.

— Au large ! dit Maurin, voyant que l’autre restait immobile à dix pas sur le sentier… Passe donc, Grondard, que tu me gênes. Tu ne viens pas, je pense, pour me voler mon gibier ?