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MAURIN DES MAURES

— Oui, Célestin… tu sais bien.

— Ah ! oui !… Alors, comme ça, Maurin ne viendra pas ?

— Lui ? il se moque des gendarmes comme des premières espadrilles qu’il a chaussées. Il sait que nous l’attendons, il viendra.

— Mais les gendarmes voudront l’arrêter ?

Pastouré, silencieusement, frappa sur l’épaule du dernier qui avait parlé, et, étendant le bras, lui désigna les gendarmes qui, descendant de cheval à la porte de l’auberge, attachaient leurs montures à l’anneau scellé dans le mur.

— Regarde… Les voici, les gendarmes. Ah ! ah ! le beau Sandri a voulu être de la fête, on lui donnera du fil à retordre.

— Qu’a-t-il donc à craindre des gendarmes, un honnête homme comme notre Maurin ?

— On l’accuse d’avoir tué le vieux Grondard.

— Et quand bien même ! Grondard cent fois méritait la potence !

— La justice ne raisonne pas comme ça.

Ces paroles tournées et retournées de mille manières se répétaient sans fin dans les groupes.

Tout à coup un cri retentit :

— Té ! Grondard ! voici venir Grondard Célestin !

— Que vient-il faire, ce marrias, parmi les braves gens ?

— Que viens-tu faire ici, gueusard ?

— Je viens vous aider à prendre les deux coquins… je connais, je crois, leur cachette.

— Va-t’en ! que tu les ferais évader plus tôt. Nous ne voulons pas de toi.