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MAURIN DES MAURES

veste et la culotte que je t’ai promises, espèce d’âne !

Quand ils furent en plein bois :

— Je ne suis pas un homme des villes, dit Maurin. Toutes les fois que j’y vais, je le regrette… Il en faut pourtant des villes, par malheur !

— Il faut de tout pour faire un monde, répliqua le philosophique Parlo-Soulet.

— Et, dit Maurin, sais-tu pourquoi ils sont tant dévots à saint Martin, dans ce pays ? La chose présentement me revient en mémoire.

— Et pourquoi est-ce ? questionna Pastouré.

— C’est par la raison qui fait qu’on renomme toujours un député quand on croit qu’il peut devenir ministre et servir, par conséquent, ses amis, une fois au pouvoir.

— Que me chantes-tu là ? fit Pastouré.

— Oui, dit Maurin, ma grand’mère qui était dévote à saint Martin m’a dit souvent, quand j’étais petit : « Le bon Dieu se fait vieux, bien vieux, Maurin, tous les jours plus vieux ; il ne tardera pas à prendre sa retraite… Eh bien… c’est saint Martin qui doit le remplacer.

— Il est certain, dit Pastouré, que le bon Dieu doit être, à cette heure, au moins aussi vieux que Mathiou Salem !

Et de tout le jour il ne souffla plus mot.

Cependant, les Plantouriens avaient relevé leur saint. Quand ils s’aperçurent que la statue gisante sur le parvis de l’église n’était plus entière, il y eut d’abord un cri d’indignation. Mais on constata aussitôt que le manteau s’était partagé « au droit fil du bois », nettement, proprement. Alors, une vieille femme cria :