« Et il déposa trois francs à côté du paysan qui les prit et les mit en poche. Trois et deux font cinq.
« Le chasseur tua un second canard. Puis, tout aussitôt, excité par la grande facilité de cette chasse et le bon marché du gibier :
« — Je réfléchis, dit-il, qu’un troisième canard ferait bien mon affaire ! je dois une politesse à un avocat qui m’a fait perdre un procès. Ça ne vous ferait rien, dites moi, brave homme, si je vous tuais encore un de vos canards ? »
« Le paysan qui se trouvait assez payé, tira de sa pipe une bonne bouffée et il la rejeta avec ces quatre paroles :
« — Que voulès qu’aco mi fouté ? aqueleï canars soun pas mioù : « Que voulez-vous que ça me fasse ? ces canards… ne sont pas miens… »
« Et voilà, dit Maurin en riant, une bonne histoire d’hommes ! car la canaillerie qu’on y voit est petite, pas calculée à l’avance, rachetée par le plaisir qu’elle vous donne… Et l’honnêteté, à la fin, prend le dessus !… »