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MAURIN DES MAURES

— Chut ! dit Maurin en riant.

— Ah ! vous êtes, dit Tonia, un fameux bandit !

Elle partit sur ce mot qui était, de toute évidence, le plus haut terme de l’admiration sur ses lèvres de Corsoise.

Quand le rusé don Juan de la forêt eut compris que la belle Tonia était en colère contre lui, il s’en alla, profondément persuadé qu’il en aurait tôt ou tard la joie, et que sur le terrain d’amour il infligerait à Alessandri la suprême défaite.

Il avait fait à peine cinq cents pas sur la route qu’il aperçut, se baignant en pleine poussière, avec de joyeux frémissements d’ailes, une compagnie de perdreaux. Hercule pointa, esquissant un arrêt sans fermeté.

— Ce sont les perdreaux de Saulnier, pensa Maurin. Quelque jour il se les fera tuer ! Ah ! le voici lui-même avec sa belette et son renard.

Masqué de ses larges œillères, Saulnier tapait à tour de bras sur un tas de cailloux ; il était assis à terre et il frappait, frappait. Sa belette dormait entre les pattes de son renard.

— De loin, lui dit Maurin, on voit tes perdreaux avant de te voir ; on te les tuera.

— Non, dit Saulnier, mon renard les garde. Quand un étranger approche il s’inquiète et grogne. J’ai compris, à sa figure, que celui qui s’avançait était un ami et les amis reconnaissent mes perdreaux. Et puis, ils savent qu’en ce moment c’est ici mon quartier de travail. J’espérais bien te voir, Maurin.

— Et de neuf, qu’y a-t-il ?

— Il y a de neuf que j’ai vu passer par ici Césariot.