— C’est à toi qu’on a mis Césariot ? (Cela signifie : « C’est bien toi qu’on a baptisé Césariot ? » )
Il y avait dans cette tournure de phrase provençale une raillerie à l’adresse de son nom, que Césariot releva à sa manière :
— Ça vous regarde, vous ? fit-il d’un ton bourru.
— Il faut bien que ça me regarde, dit Maurin, sans ça, je ne te le demanderais pas, espèce de petit âne !
La conversation s’engageait mal.
— Je n’ai pas envie de causer, dit Césariot. Est-ce que je vous demande votre nom, moi, à vous ?
— Non pas, mais je vais te le dire et ça te rendra, je pense, un peu mieux parlant. Je m’appelle Maurin.
— Maurin des Maures ? s’exclama l’autre, avec un respect involontaire et mêlé d’une vague inquiétude.
— Tu l’as deviné, mon garçon.
Césariot esquissa un salut :
— Qu’est-ce qu’il y a pour votre service ?
— Je connais tes pensées, dit brusquement Maurin, entrant, sans crier gare, dans la conscience du personnage. — Eh bien, elles sont mauvaises… Tu cherches ta mère ! Tu crois que, des fois, elle vient dans ce pays-ci. Tu as tort et tu te trompes. Tu lis de mauvais livres et tu aimes des boissons mauvaises. Ça te gâte l’esprit et l’estomac ; prends-y garde.
— Je vous respecte, dit Césariot baissant son front têtu, mais tout ça, c’est mes affaires !
Maurin reprit posément :
— Je vais te donner un bon conseil.
— Je n’en demande pas !
— Si ta mère ne t’a pas avoué, quelle qu’elle soit, celle-là, c’est sûrement, mon garçon, parce qu’elle n’a