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Page:Aicard - Maurin des Maures, 1908.djvu/304

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MAURIN DES MAURES

tint et reprit le poignard pour le lancer rageusement à terre, se sentant impuissante et vaincue ; puis, cachant sa tête entre ses mains, elle se mit à pleurer.

Il s’approcha d’elle alors, la saisit à pleins bras ; elle se débattait ; il attira sa tête contre lui et murmura :

Ah ! vaï, aime-moi comme je suis !

Il enlaçait sa taille. Elle fléchit, se laissant aller de tout son poids entre ses bras. Il s’abandonna à ce mouvement de chute et tomba près d’elle sur le souple lit d’herbes séchées… Elle se taisait, donnée et furieuse de l’être, consentante et révoltée.

Autour d’eux, au niveau de leurs visages, au seuil de la grotte, parmi quelques touffes de bruyère, des champignons orangés dressaient leur parasol qui semble ouvert pour abriter les bestioles de l’herbe.

Et un peu plus tard, elle lui disait :

— Tu ne m’as pas trompée, c’est vrai. Sans ça, vois-tu, je t’aurais tué. C’est égal, cache-toi de moi si un jour tu me trompes ! Et si jamais je deviens ta femme, c’est que tu m’auras promis fidélité.

— Quand je t’aurai promis fidélité, alors, voui, tu seras ma femme ! dit Maurin avec solennité.

La réponse était insolente, mais Tonia ne la releva point. Pourquoi ? c’est qu’elle ne s’appartenait plus.

Voilà bien cinq heures qu’ils étaient ensemble ! Le déjeuner du matin était oublié.

— J’ai faim, dit Maurin, C’est une chose beaucoup connue qu’il faut manger pour vivre. Allons faire chez l’ermite notre repas de midi ; nous aurons là une table et une chaise, et du café bien chaud.

Le temps n’était plus aux paroles. Il leur fallait gagner en toute hâte la chapelle où ils arrivèrent vers midi.