— Si cela vous amuse, fit-il, je puis vous en conter d’autres, de mes histoires. Tenez, j’ai vu ici, pas plus tard que l’autre jour, une compagnie de chasseurs qui, au dessert, jouaient à imiter une chasse : « vé ! vé ! lou lapin ! vé ! vé ! la lièvre ! vé ! les perdreaux ! » Et chacun sur la bête annoncée tirait, selon ses munitions, un coup seul, pan ! ou un coup double pan ! pan ! ou deux coups doubles pan ! pan ! pan ! pan !… vous ne devinerez jamais avec quel fusil…
— Saint homme ! dit gravement Maurin, silence ! je ne vous comprends que trop ! Cela suffit… Je vous excuse parce que j’ai toujours entendu dire que les gens qui ont fait des vœux de chasteté aiment certaines plaisanteries qui les aident à prendre gaiement leur malheur… Mais j’ai là-dessus mon idée ; et mon idée, c’est qu’il y a des chasses qu’on ne doit faire que tout seul et des paroles qu’un homme ne doit dire qu’à lui-même, comme fait par habitude mon ami Parlo-Soulet. Ta dernière histoire me déplaît.
— Cela m’étonne, dit l’ermite, car une chose rend drôles toutes mes histoires, à ce que m’ont assuré l’autre jour des dames de Paris, c’est la robe que je porte.
— Je m’en doutais ! fit Maurin, tu es un imbécile quand tu es tout nu !
— Monsieur, dit l’ermite, complètement ivre mais profondément vexé, je peux vous faire voir…
— As-tu un lit ? interrogea Maurin.
— Parbleu, dit l’ermite. Et de paille toute fraîche.
— Eh bien, va te coucher.
L’ermite, avec la docilité d’un ivrogne qui a été sacristain, y alla.