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MAURIN DES MAURES

Caboufigue avait un fils à Paris, gommeux d’importance, qui venait de temps en temps chasser à Porquerolles avec quelques désœuvrés. Caboufigue possédait l’île de Porquerolles. Il avait fait construire là un magnifique château, d’où l’on apercevait toute la côte avec ses golfes et ses caps, d’un côté jusqu’à Camara, de l’autre jusqu’à Saint-Mandrier et à la rade de Toulon.

Or, Maurin, deux heures après son départ du Lavandou, tranquillement assis sur la terrasse du château de l’île d’or, disait à Caboufigue :

— Pas possible ! alors, tu l’as reconnue ?… à Paris ? C’est bien elle ?

— Voui, c’est bien elle, la mère de Césariot ! Je ne l’avais, d’ailleurs, jamais perdue de vue.

— Et qui a-t-elle épousé ?

— Je ne peux pas te le dire, fit Caboufigue d’un air important… Tu comprends, j’ai de grandes affaires, là-bas, à Paris, avec les plus gros messieurs… je ne veux pas compromettre mes intérêts. Il y a des choses que je ne dois pas dire. Et puis, à quoi ça te servirait-il, hé ?

— Bougre ! fit Maurin, comme ça elle a épousé un si gros monsieur !… quelque préfet peut-être ?

— Mieux que ça !

— Oï ! un général ?

— Mieux que ça !

— Le fils du président de la République ?

— Mieux que ça !

— Noum dé pas Dioù, fit Maurin, si par malheur il y avait encore des rois, je dirais : le roi ?

Et il ajouta philosophiquement :

— Je crois que je leur porte bonheur à mes femmes.