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Page:Aicard - Maurin des Maures, 1908.djvu/35

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MAURIN DES MAURES

séance tenante, à rédiger leur rapport. Tâche difficile !

Une heure s’écoula.

La Corsoise tout à coup se leva pour aller écouter sur le pas de la porte. Elle restait là, songeuse.

Au bout d’un assez long temps :

— Les chevaux !… Ils reviennent ! s’écria-t-elle.

Tous les buveurs s’élancèrent sur la route.

Les chevaux arrivaient… Leur galop se ralentit. Les gens se communiquaient leurs réflexions :

— Ils s’arrêtent… chut !… Voici qu’ils repartent… ils arrivent ! ils arrivent !

On entendait maintenant le bruit d’un double trot…

— Ils arrivent ! les voici !

Dans le carré de lumière que dessinait sur la poussière du chemin la porte ouverte de l’auberge, les deux puissantes bêtes sans cavaliers s’arrêtèrent tranquillement.

Les gendarmes aussitôt furent en selle.

— Où allez-vous à cette heure ? leur cria-t-on. Croyez-vous que Maurin vous attende sur la route ? Il doit être en plein bois, — de sûr ! Attendez ici jusqu’à demain !

Les gendarmes n’entendaient plus rien.

Persuadés que la grande ruse de Maurin serait de regagner tranquillement sa maison, comme le dernier endroit où l’on songerait à le rencontrer, — ils galopaient vers Cogolin et Grimaud. Là, dans la plaine marécageuse, à cinq cents pas de la mer, au bord du golfe, Maurin avait une maison à lui. C’était une cabane en planches de pin. Cette cabane, les gendarmes la connaissaient… Et ils galopaient.

Les buveurs rentrèrent dans la grande salle de l’auberge : on pourrait veiller un peu tard, c’était un samedi.