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MAURIN DES MAURES

le mousse de Saint-Tropez dont vous avez fait le portrait lorsqu’il avait seize ans et que vous habitiez la villa des Mussugues.

« Lui, il n’a pas oublié… Il est aujourd’hui un très humble mais très dévoué serviteur de la République.

« La faveur qu’il vous demande servira notre cause, comme d’autres l’expliqueront, à M. votre mari, mais j’ai pensé que peut-être la voix du petit pêcheur de Saint-Tropez aurait, par votre intermédiaire, quelque influence sur cette affaire, et j’ai spontanément demandé à un ami avocat de tenir la plume à ma place. La note ci-jointe expliquera à vous, madame, et à qui de droit l’affaire dont il s’agit.

« Veuillez agréer l’hommage le plus respectueux de votre humble serviteur.

« Maurin dit Maurin des Maures.
« Mon adresse : chez M. Rinal, médecin principal
de la Marine en retraite, Bormes
(Var). »


Quand M. Cabissol à qui, bien entendu, Maurin des Maures ne donna sur ses relations avec la dame que les renseignements les moins confidentiels, lui eut relu à haute voix cette lettre à deux reprises :

— Noum dé pas Diou ! dit Maurin, je parle comme un livre ! Là, voui, que je parle bien ! Si elle ne répond pas comme nous le désirons, c’est qu’elle n’a rien dans la poitrine ! Mais elle répondra. Si vous saviez, elle était si gentillette ! Elle dessinait comme un ange ! Elle me mettait dans tous ses tableaux. Une fois, elle m’a habillé en saint Jean, dans le désert avec une peau de chèvre sur mon dos tout nu…