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MAURIN DES MAURES

Il la saisit à pleins bras, par la taille.

Elle lui donna de son solide petit poing sur le visage et, comme il la pressait davantage, elle l’égratigna et le mordit, et, souple, elle lui échappa.

— Écureuil, dit-il, je t’aurai !

— Si tu y mets le prix, dit-elle en s’enfuyant.

De mauvaise humeur, il gagna, sur un plateau des collines voisines, certaine cachette où l’attendait Pastouré.

Dans tout le massif des Maures, ils avaient plusieurs cabanes.

Lorsqu’ils trouvaient un cazaoù, vieille bâtisse en ruines au toit crevé, cabanon ou étable à chèvres, ils se faisaient, dans l’angle le plus abrité de la masure, un gîte à leur usage. Une toiture de bruyère sur des madriers croisés. Quelquefois la cachette était faite seulement de branchages.

Celle où il arriva, vers midi, était un ancien poste de chasse, en assez bon état, ayant une cheminée et une méchante porte, qu’on pouvait cependant fermer à clef.

La clef, on la cachait sous une grosse pierre, cachée elle-même sous des broussailles.

Ils avaient là-dedans un vieux fusil à piston, toujours chargé, enfoui sous des fagots de bruyère : on ne sait pas ce qui peut arriver. Une arme de plus, même en médiocre état, peut être utile. Il y avait là aussi un peu de vaisselle : deux verres et deux assiettes fêlées. À de certains jours, un peu de luxe fait plaisir.

Maurin trouva Pastouré en train de faire rôtir un lapin sauvage, de quoi fort bien déjeuner.

Sur une table rongée des tarets, les deux verres et les deux assiettes brillaient bien propres, et, à côté,