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MAURIN DES MAURES

vos abominations et ils savent ce qu’ils ont à dire Tous vos secrets viendront au-dessus de l’eau. Vous aurez contre vous des hommes que vous avez volés au coin du bois, au soleil trémont ; des femmes que vous avez insultées et malmenées ; et des enfants qui viendront dire comment vous êtes pires que les bêtes puantes contre qui, en tout temps, la chasse est permise. Des voleurs et des bandits, voilà ce que vous êtes. La lâcheté de tous fait votre assurance, mais la lâcheté va finir quand il faudra délivrer Maurin, comme c’est juste, et tu auras été cause de ton malheur ! tu l’auras voulu et tu l’auras fait et tu le porteras sans rien dire, pourquoi, lorsqu’on est la canaille abominable que toi tu es, on garde le silence comme la fouine qui se terre, comprenant que si elle est vue elle est perdue.

« À présent, laisse-nous passer, que mes gendarmes ont faim !

Les gendarmes avait fait signe à Grondard de se taire. Ils laissaient Maurin vider son sac, espérant surprendre quelque parole compromettante pour lui, Mais non, il parlait avec indignation au nom de la justice, en honnête homme qu’il était.

Sandri commençait à entrevoir clairement que peut-être ce qui pouvait arriver de mieux à Maurin, c’était une occasion publique de se défendre à voix claire et haute devant une cour d’assises par exemple, et il regrettait presque de l’avoir arrêté.

— Allons, Maurin, c’est assez, dit-il. En avant ! Faites-nous place, Grondard.

Grondard aurait voulu tenir ce Maurin, bien enchaîné comme il l’était, sous sa vilaine patte d’ours noir ; il se rangea en grommelant :