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Page:Aicard - Maurin des Maures, 1908.djvu/410

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MAURIN DES MAURES

Elle dormait comme un plomb, pechère !

Alors, Pitalugue se pensa : « Si je voyais là-bas quelqu’un de mes enfants, je lui ferais signe de m’apporter le fusil, mais je n’en vois pas. Quand on laboure, on devrait toujours être armé !… »

Pitalugue avait laissé son araire en plan, il avançait à pas silencieux vers la bête endormie.

Voici ce qu’il comptait faire :

Arrivé près de la lièvre, quand il l’aurait presque à ses pieds, il se baisserait tout doucement, puis, d’un coup, laisserait tomber tout son corps de tout son poids sur elle, comme tombe la lourde pierre d’un quatre de chiffre… il l’écraserait ainsi sous sa lourde poitrine, car sans cela, de la prendre tout bonnement avec la main comme on cueille la figue à la figuière, il n’y fallait pas songer. C’est fort, une lièvre.

Donc, c’était décidé, il allait faire, de tout son corps, une pierre de lesque. Et malgré cela, en se détendant et se débattant, elle saurait peut-être se faire lâcher !

Il approcha, approcha. La lièvre ne s’éveilla point. Quelle lièvre, mon ami ! un petit âne d’Alger !… Pitalugue jeta encore un regard vers sa bastide : personne.

Alors, résolument, il se laissa tomber comme un bloc de carrière sur la lièvre qui dormait toujours. Elle ne s’éveilla que sous le choc avec un cri, mon homme ! que tu aurais dit de trois cents rats qui ont tous à la fois la queue prise dans une jointure de porte.

Quand il sentit la bête chaude et remuante contre son estomac : « Vé ! que je l’ai ! » cria-t-il, joyeux.

Et il travailla à lui prendre les pattes, deux dans chaque main !…

« — Ah ! par exemple ! c’est « un bon affaire » ! Je