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MAURIN DES MAURES

Un de ses nouveaux amis, membre de l’Académie de Draguignan, M. Ripert, venait de lui vanter l’ordre excellent des archives départementales et il l’entretenait d’un document nouveau qu’on avait découvert touchant la chartreuse de la Verne, beau monastère en ruines qui date du xiie siècle et qui est la gloire de la région des Maures. Le préfet l’interrompit.

— Est-ce que vraiment, monsieur Ripert, ces Maures dont on me rebat les oreilles sont un pays aussi beau qu’on le prétend ?

M. Ripert répondit couramment :

— Un pays merveilleux, monsieur le préfet, un groupe de montagnes qui, selon l’expression de M. Élisée Reclus, servit de boulevard aux Maures pendant le cours des ixe et xe siècles et qui forme à lui seul « un système orographique parfaitement limité ». Le massif des Maures est séparé des montagnes environnantes par les vallées de l’Aille, de l’Argens, du Gapeau. Ces vallées sont larges et le massif est isolé. C’est comme un îlot montagneux dans la plaine et comme une île de gneiss et de schistes et de granit au milieu des calcaires. Le chemin de fer de Marseille à Nice contourne le massif, au nord. Une route le traverse dans toute sa longueur qui n’a pas moins de quinze lieues. Voici d’ailleurs, monsieur le préfet, le texte même de M. Élisée Relus… Il dit :

— Vous l’avez sur vous ?

— Je l’ai cité dans un petit guide à l’usage des étrangers, que je me permettrai de vous offrir.

Et, tirant un petit volume de sa poche, M. Ripert lut les lignes suivantes :

« — Ces montagnes, dignes au plus haut degré de