français dès qu’ils sont fonctionnaires), monsieur, je n’admets pas d’excuses. Vous toucherez le prix de votre mensonge… c’est, comme vous savez, quatre mille francs.
— Cependant, monsieur le préfet…
— Il n’y a pas de cependant.
— Ce que vous me demandez est impossible, monsieur le préfet. J’ai fait acheter deux canards chez le marchand de volailles d’Auriol, pour remplacer deux canards authentiquement nés au Labrador, ceux-là… et dès lors…
— Monsieur, dit le préfet hautain, le comice agricole ne doit pas pouvoir se tromper. Vous aviez exposé deux canards qui sont du Labrador. Nous nous y connaissons peut-être mieux que vous. Vous toucherez vos quatre mille francs. N’ajoutez pas un mot, s’il vous plaît, vous me désobligeriez.
— Monsieur le préfet, je vous assure que mon honnêteté s’y oppose… et…
— Cet homme ne comprend rien ! dit le préfet en frappant du pied.
— Il ne comprend pas grand’chose, dit Théodule ; il faut l’excuser, monsieur le préfet… c’est mon oncle, le frère de mon père… c’est un homme du temps des omnibus… Ah ! cela ne nous rajeunit pas.
— Monsieur le préfet, dit Pierre avec fermeté, les journaux d’Auriol publieront ce soir même une lettre de moi où je raconterai l’histoire de mes deux canards.
Le préfet devint vert.
— Et moi qui le prenais pour un imbécile ! songea-t-il, c’est un malin !
« Monsieur, dit-il tout haut en tremblant, vous n’êtes