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MAURIN DES MAURES

CHAPITRE XLIX


Où l’on verra l’histoire jolie de la Poule verte, comment l’horrible Grondard dénoua le roman de Tonia et du roi des Maures, et avec quel désintéressement admirable Pastouré refusa une haute position.


Le lendemain au soir :

— Votre histoire d’hier n’était pas beaucoup gaie, monsieur Cabissol, dit Maurin. J’y ai réfléchi cette nuit : elle veut dire que le gouvernement des hommes n’appartient pas toujours à ceux qui ont le mérite. C’est vrai peut-être bien, mais ce n’est pas agréable à penser.

« Il n’est peut-être pas agréable non plus de se dire que notre gouvernement de la République favorise tant d’intrigues !

— Laissez donc la République tranquille, Maurin ! s’écria M. Rinal. La moralité d’une époque ne tient pas nécessairement aux formes de gouvernement. On imagine très bien d’excellents rois et même de bons tyrans !… oui… oui… je ne m’en dédis pas, moi, le jacobin ! L’idéal de la République est admirable. C’est le gouvernement des meilleurs et des plus instruits, des plus capables, comme vous dites, mais l’organisation républicaine ne peut que permettre au peuple de se faire gouverner par ceux-là, — et d’autre part un peuple peut fort bien ne pas être digne de ses libertés. Laissez-nous le temps de nous instruire de nos droits