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MAURIN DES MAURES

il me pleut par devant que par derrière ; ce qui est marqué, tu ne peux pas le changer ; l’un va devant, et l’autre le suit ; si c’est ton moment, rien à dire ; on ne sait ni qui vit ni qui meurt, et le dernier fermera la porte…

« C’est égal, celui qui tient le registre — il faut qu’il ait une fameuse tête pour marquer, sans s’y embrouiller, les entrées et les sorties, les naissances et les morts, les baptêmes et les mariages ! Ça serait trop d’affaires pour moi… Qu’heureusement je ne suis pas leur saint du Plan-de-la-Tour, car autrement il me faudrait, un de ces quatre matins, remplacer le bon Dieu en personne ! Et ce sont là des positions qu’on ne peut pas occuper sans une grosse expérience ; l’expérience ne s’attrape qu’avec la vieillesse et la vieillesse ne vaut rien ! Voilà pourquoi je ne voudrais pas de la place du bon Dieu. Non, je n’en voudrais pas, de sa place, quand bien même, suivi de tous les anges qui joueraient tous ensemble de la flûte et du tambourin, et accompagné du grand saint Pierre, il viendrait me l’offrir lui-même à genoux, avec les clefs de son Paradis portées sur un coussin de velours subredoré et tout brodé de fleurs par la sainte Vierge ! « Non, Seigneur, que je lui dirais, c’est bien de l’honneur que vous me faites, mais ce serait véritablement trop de soucis pour moi ! Adressez-vous à d’autres pour vous débarrasser du gouvernement ! Dans votre métier, bon Dieu ! que deviendrais-je ? Rien que pour écouter les imbéciles qui tous les jours vous demandent la lune dans leurs prières, il doit y avoir trop de cassements de tête. Et pour faire la justice, dans tant de pays différents et qui tous bataillent les uns contre les autres,