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MAURIN DES MAURES

« — Bonjour, mon ami Bédarride !

« — Qui enterre-t-on ?

« — Je ne sais pas… j’arrivais… pour vous voir pour vous entendre.

« — Ah ! fit-il, vous connaissez mon nouvel état ?

« — On m’en a parlé.

« . — Eh bien, alors, permettez-moi de faire mon devoir. »

« Et s’adressant à l’un des bourgeois qui nous précédaient de trois pas :

« — Qui enterre-t-on ?

« — Mademoiselle Adélaïde Estocofy.

« — Attendez donc !… fit-il, mais… je la connais !

« — Qui ne connaît pas Adélaïde à Aiguebelle, répliqua l’autre ; une des deux dévotes ! Des épicières qui vendaient le meilleur café de la ville !

« — Pardi ! répliqua Bédarride, à qui le dites-vous ! je le connais, son café. Pour du bon café, voui, c’était du bon café et qui ne sentait jamais la marine ! »

« Et après un silence :

« — Sa pauvre sœur, reprit-il, doit être bien désolée. Elle est son aînée, je crois ?

« — Oui, Anastasie est l’aînée et elle voit partir sa cadette, pechère ! »

« Bédarride quitta les derniers rangs du cortège ; il gagna les rangs du milieu. Je le suivis.

« Il avisa une vieille dame qui s’essuyait les yeux et lui dit :

« — Quel âge pouvait-elle bien avoir, notre pauvre Adélaïde ? »

« La femme répondit :

« — Elle n’avait que soixante-cinq ans, pechère !