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MAURIN DES MAURES

parvinrent à se perdre dans la broussaille ; Sandri disait : « dans le maquis ».

Quand le sanglier est abattu, on coupe une branche de pin à laquelle on le suspend lié par les pattes, et que deux hommes portent sur l’épaule. On coupa, cette fois, non pas une mais deux branches ; on attacha, selon l’usage, à chacune des deux barres deux des angles d’un drap de lit qu’un chasseur alla prendre chez les gardes-forêts ; et au fond de cette sorte de hamac profond, balancé au pas égal des porteurs, le mort dont on voyait les formes tassées et inertes, redescendit vers la cantine du Don.

Cette cantine du Don, toute voisine de la maison forestière, n’est pas éloignée du point d’intersection des deux chemins d’Hyères à Cogolin et de Bormes à Collobrières. On comptait déposer là le mort qu’une voiture viendrait prendre.

Le cortège rencontra les gendarmes d’Hyères et ceux de Bormes, tous également embarrassés de leur personne et mal d’accord sur la direction à prendre.

Maurin, dès qu’il les eut aperçus, ordonna au gros de sa troupe de continuer à descendre et d’accompagner le « pauvre Crouzillat » jusqu’au lieu fixé. Pour lui, que le géant Pastouré ne quittait pas d’une semelle, il s’arrêta avec le maire pour expliquer l’aventure à MM. les gendarmes, et leur remettre son prisonnier.

Il n’avait pas envie de rire et il ne lui vint pas à l’esprit de plaisanter Alessandri qui le regardait de travers, d’un air féroce.

Quand il eut fini son explication :

— Si vous aviez pris notre conseil, dit Alessandri, vous n’auriez pas fait tuer un de vos hommes.