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MAURIN DES MAURES

supériorité de tireur l’anoblissait à ses propres yeux, car il se sentait capable de se mesurer, sur le terrain des terrains, avec n’importe qui.

Maurin soutenait, du produit de sa chasse, sa mère devenue vieille. S’étant aperçu qu’avec des prodiges de célérité, d’attention, d’observation, d’adresse, de ruse et de force, il parvenait à « tirer la vie » du prix de son gibier, il avait peu à peu renoncé à son double métier de bouchonnier et de paysan.

À dix-huit, à vingt ans, puis à vingt-cinq, certes, il plaisait aux filles, mais moins qu’aujourd’hui, par exemple ! Car aujourd’hui, il n’était pas seulement un bel homme dans tout le développement de sa force bien visible, il était aussi Maurin, le roi des chasseurs, le célèbre, le flambeau comme on disait ; bref, il était Maurin des Maures.

Quand il se parlait de Maurin, Pastouré répétait :

— D’hommes comme ça, on n’en fait plus. Le moule est cassé. C’est encore un peu un homme de l’ancien temps, du temps où les bastidanes achetaient leurs jupes chez le drapier de leur endroit, — au lieu de les faire venir de Paris pour imiter les grosses madames.