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Page:Aicard - Notre-Dame-d’Amour, Flammarion, 1896.djvu/102

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qu’il appelait maintenant dans sa pensée « la fille à tout le monde ».

Or il l’avait revue aux plaines de Meyran, le jour de la fête, entourée de jeunes débauchés de la ville ; et comme, la bouche en cœur, sans avoir l’air de se douter qu’il pût lui garder rancune, elle était venue à lui, disant très haut : — « Eh ! Jean, tu passes bien fier ? On ne reconnaît plus ses amis, donc ?… Écoute, Jean, fais-moi marquer, de ma main, un des taureaux d’aujourd’hui, » il avait répondu, au milieu des fainéants qui se pressaient, la fleur aux dents, autour de la belle Arlèse :

— Que me veux-tu, fille à tout le monde ? Je sais ce que je sais, et, vois-tu, ne l’oublie pas : je m’en moque, oh ! mais, je m’en moque, comme des premiers souliers que j’ai chaussés, tu m’entends ? Les portraits à vingt sous, c’est trop cher pour moi ! je n’aime que ceux qui se donnent ! La belle Rosseline est à vendre ? Moi, les