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Page:Aicard - Notre-Dame-d’Amour, Flammarion, 1896.djvu/176

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une heure, il sera midi, songea-t-elle en regardant le soleil. J’ai le temps. »

Le Rhône lui avait appris à nager. Elle se déshabilla, sûre d’être bien seule. Debout, étendant les bras, elle s’étira au soleil et une joie physique la saisit, la joie des bêtes captives remises en liberté.

Un bain libre au bord de la mer, en pleine lumière, semble peut-être aux gens des villes un acte impudique et sans doute fort rare. Ce n’est ni l’un ni l’autre. La nature invite au naturel…. Et maintenant Zanette ressemblait aux petites déesses de la mer, aux ondines, aux sirènes de l’eau, sœurs légendaires des sirènes de l’air dont les plumes ont toutes les couleurs du ciel, et sont luisantes comme des écailles entrevues sous les vagues.

La peinture ne doit pas garder seule le privilège de montrer nue la beauté des déesses et de la femme. Zanette était nue et elle était chaste.