Page:Aicard - Notre-Dame-d’Amour, Flammarion, 1896.djvu/177

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Quand elle se fut un peu étirée, la joie qu’elle éprouvait la força de s’agiter de nouveau. Un petit cheval de Camargue, qu’on rend à la liberté, qu’on renvoie au troupeau libre après l’avoir attelé plusieurs jours, s’étonne ainsi, immobile d’abord, puis hume l’air, et tout à coup bondit et galope. Ainsi fit-elle, Zanette. Elle gravit en deux bonds une des petites dunes voisines qui s’écroula sous elle ; elle regarda, du sommet, tout le désert verdoyant, où flottaient, vers l’est, des mirages, des arbres renversés au bord de marais irréels ; elle se retourna vers la mer, aspira la brise saline, puis se jetant à corps perdu sur la pente de sable, elle se laissa glisser jusqu’au bas, la poitrine dans ce sable chaud, ses deux petits pieds en l’air, les mains en avant, — avec des éclats de rire qui perçaient le bourdonnement de la mer paisible mais toujours murmurante.

Zanette se releva, se secoua, puis, courant à toute vitesse, s’élança vers la mer,