Page:Aicard - Notre-Dame-d’Amour, Flammarion, 1896.djvu/306

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il n’avait pas un ami ! et il se fouettait la croupe de sa queue sèche, ouvrant et fermant ses naseaux pour chercher sans doute l’odeur d’une libre issue, une odeur de liberté qu’apporterait le vent du Rhône ou la brise de mer….

Rien ne venait !… Il était captif, le petit taureau noir, le fils des vastes déserts, seul au fond de ce puits immense, à parois vivantes, d’où tombaient sur lui des huées, des cris, d’impatients désirs de mort même, car beaucoup appelaient de leurs vœux la course espagnole, la « vraie course », celle où toujours quelqu’un saigne ou souffre, celle où le spectateur tue, par le consentement du cœur, et jouit en sécurité des souffrances d’un être moribond, homme ou bête… sous le noble prétexte d’admirer le courage d’autrui.

Ce petit point noir perdu au milieu de l’immense arène blanche, le petit taureau sauvage, tout perdu au milieu de ce peuple