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Page:Aignan - Constant - Dumoulin - Etienne - Jay - Jouy - Lacretelle aîné - Tissot - La Minerve française, 1.djvu/161

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FRANÇAISE. 161 la maîtresse du monde. C’est, ainsi qu’il présenta tour à tour à ses fiers concitoyens^ le berceau de Rome, ses humbles commencemens, ses fondateurs nés du commerce du dieu de la guerre avec une prêtresse de Vesta, ses rois orgueilleux, ses consuls plus su-. perbes encore, ses Camille, ses Fabricius, ses César, et enfin le règne d’Auguste. KEnéide ne parlait que de patrie, de liberté, d’héroïsme et de gloire elle touchait aux plus nobles affections du cœur humain Auguste commençait Tibère n’avait pas régné les Romains étaient encore dignes d’entendre leur poëte son succès fut un triomphe. Il ne faut pas laisser échapper ici une remarque qui n’est pas sans intérêt. De tout temps il avait régné une certaine férocité dans les mœurs romaines. Certes, les furieux qui sortaient des proscriptions ou de la guerre civile n’a-, vaient pas déposé ce caractère cependant ils écoutèrent avec ravissement les beaux vers où respire ce tendre amour de l’humanité que Virgile portait dans son cœur. Semblable à son Eole, ce grand poëte parut amollir ces cœurs de fer le charme de ses paroles fit plus d’une fois verser des larmes aux farouches soldats de Marius et de Sylla, et même aux cruels instrumens des fureurs d’Octave et de Lépide. Dante soumit son génie à la régie première qu’avaient observée Homère et Virgile la nécessité de connaître son siècle et de lui plaire ; mais il fut bien moins heureux que ces deux grands écrivains. Leur siècle était tout poétique celui du Dante était presque rebelle à la poésie ou du moins il la dépouillait de presque tous ses enchantemens.. Écoutons, à ce sujet, le savant et judicieux Ginguené enlevé récemment aux lettres et à la patrie, qu’il-honorait par son talent et par son caractère. « Une barbarie plus forte que