LA MINERVE 162 celle des premiers siècles de la Grèce avait couvert l’Europe on en sortait à peine ou plutôt elle régnait encore il n’y avait point entre elle et le poëte des siècles héroïques et de grands souvenirs qui pussent fournir à la poésie des peintures de mœurs touchantes, des exploits et des travaux entrepris pour le bonheur des hommes ou de grands actes de dévouement et de vertu. Ceux de ces événemens qui pouvaient, à certains égards avoir ce caractère’, n’avaient point acquis par l’éloignement cette espèce d’optique qui efface les petits détails et ne fait valoir que les grands objets. Les querelles entre le sacerdoce et l’empire, les blancs et les noirs, c’était là tout ce qui en Italie occupait les esprits, parce que c’était là ce qui touchait à tous les intérêts, disposait des fortunes et presque de l’existence de tous. » La morale d’Homère et celle de l’Evangile dit encore l’écrivain dont nous empruntons ici les idées, rivaient fait place à des pratiques superstitieuses, à de vétilleuses momeries aussi éloignées de la vertu que de la véritable piété. Une terreur religieuse, accrue sans cesse par des missionnaires intéressés à voir grossir les dons de la crédulité, régnait sur l’Europe sans cesse menacée de la fin du monde. Enfin les révolutions et les guerres civiles, qui font de si profondes blessures aux peuples et aux individus ajoutaient les malheurs dé la vie présente aux frayeurs inspirées par cette vie redoutable de l’avenir, qui apparaissait avec tous ses supplices aux regards des hommes. Dante ami de la vertu tendrement attaché à un pays ingrat malheureux par l’injustice des hommes trahi par la fortune enflammé contre les vices et les crimes de cette indignation que l’adversité tourne en une espèce de fureur, emporté presque dès l’enfance
