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FRANÇAISE. 1 p 5 1, i i63 par le torrent des factions profondément religieux et patriote et par conséquent ennemi des pontifes qui déshonoraient la religion et opprimaient l’Italie fut entraîné par une force irrésistible vers le sujet qu’il a choisi et fécondé. Les malheurs et les crimes de la terre, les supplices des médians les épreuves des bons et la sublime récompense des justes tels sont les élémens de sa vaste composition. Il ne pouvait faire un choix plus propre à remuer toutes les passions des hommes de son temps à inspirer un intérêt général, et à produire cet enthousiasme qui s’empare de tout un siècle. Mais aussi ce même choix devait exposer la gloire de l’auteur à de fàcheux retours la philosophie et les lumières de la raison qui n’ont fait qu’accroitre la renommée d’Homère et de Virgile, devaient nécessairement affaiblir lés éloges prodigieux que l’Italie a long-temps accordés au Dante. Homère et Virgile, malgré la chute’de la religion consacrée par leurs chants parlent à l’humanité entière leurs ouvrages reposent sur des idées qui seront de tous les temps. Dante, pour avoir été presque exclusivement le poète de son siècle et d’une époque d’erreur et de superstition, ne peut pas espérer d’être comme ses immortels rivaux le poëte de toutes les nations et l’enfant adoptif de leur amour. Les écrivains les hommes de goût, ceux surtout à qui la nature aura fait le don sacré de la poésie sauront dévorer les difficultés, même les dégoûts de la lecture du Dante, et lui payer en secret ou en publie le juste tribut d’une admiration sentie mais le peuple ne le lira point et le poëte a besoin d’un succès populaire. Les Rhapsodes allaient partout chanter les ouvrages du grand Homère, et les peuples prouvaient, par les transports de leur ivresse, qu’il existe dans le cœur de tous