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Question grave que tout le monde s’adresse et à laquelle personne n’ose répondre. On se préoccupe du besoin d’instruire la foule, et l’on ferme les yeux sur les suites nécessaires de la mauvaise instruction qu’on lui donne. Et cependant ce seul fait de l’instruction d’un peuple est une des plus puissantes révolutions qui se soient encore vues sur la terre : des derniers rangs de la société, des profondeurs de ses abjections et de ses misères, va sortir une nation nouvelle, envieuse, ambitieuse, sans prochain et sans Dieu ; une nation enflée de cette demi-science de raisonnements à vide, que Bacon trouvait plus dangereuse que l’ignorance et la barbarie. Ce n’est pas tout encore ; au-dessus de ce chaos populaire, apparaît une jeunesse turbulente, sans principes, habituée dans les colléges aux idées grecques et romaines, et s’inoculant dans les cabinets littéraires les idées américaines ; une jeunesse pleine de présomption, mêlant tout, brouillant tout ; haïssant le despotisme et regrettant l’épée de Bonaparte ; réhabilitant Robespierre par les arguments de M. de Maistre sur l’excellence du bourreau ; prenant la guil-