Page:Aimé-Martin - Plan d’une bibliothèque universelle.djvu/215

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

protégent de leur ombre. Ainsi deux fois la botanique a chanté son hymne à la tendresse fraternelle. L’onomatologie poétique de Linné fourmille de semblables rapprochements ; nous en citerons un dernier exemple. Tout le monde sait que l’infortuné Banister trouva la mort dans une de ses excursions savantes. Au sommet d’un rocher où il voulait saisir quelques mousses précieuses, son pied glisse, et il est précipité dans un abîme. Pour consacrer ce souvenir Linné choisit une plante qui ne croît que sur les pics les plus escarpés, et cette plante devient pour l’Europe entière le banisteria scandens, une inscription vivante, gravée au sommet de toutes les montagnes, aux bords de tous les précipices, et que le temps, qui détruit tout, est chargé de renouveler éternellement !

Le style de Linné est approprié à son genre de travail. Ses lignes sont courtes, précises, aphoristiques ; il ne peint pas, il décrit. Ce n’est ni la beauté, ni la laideur qui le frappe ; il veut caractériser l’espèce, et non faire connaître l’individu.